Nous avons tous appris avec tristesse il y a quelques jours la disparition de Raymond Berthillon, fondateur du fameux glacier de l’île Saint-Louis.
La maison Berthillon est un de nos clients, nous sommes fiers de leur fournir nos Macarons de Joyeuse et nos triangles aux amandes du Petit Duc mais c’est pour moi un client très particulier. Tout d’abord il s’agit d’un de nos tout premiers clients du temps où je stockais encore les Macarons de Joyeuse et les miels de Joyeuse dans mon appartement. Ensuite pour bien comprendre cette maison j’ai une anecdote assez révélatrice : C’était en 2010, nous n’avions quasiment aucun client et nous commencions à prospecter çà et là avec nos échantillons sous le bras, mon ami Richard qui tient le restaurant « Le sourire de Saigon » près de Montmartre (excellente table, à vivement recommander) me dit « tu devrais aller voir Berthillon, appelle les et demande Muriel, petite fille du fondateur, pour prendre rendez-vous».
A l’époque je ne connaissais pas bien Berthillon, seulement leur réputation, immense, et donc je m’attendais à appeler un standard téléphonique qui me passerait une assistante, qui elle-même me passerait peut-être un directeur des achats qui voudrait peut-être me passer Muriel. J’appelle donc, je me rends compte que la jeune femme qui me répond est en boutique entourée d’un brouhaha, je me présente, je demande à parler à Muriel et elle me dit de manière très sympathique « Oui, je suis Muriel, passez avec vos produits quand vous voulez ».
Surpris, je m’empresse de me présenter le lendemain, Muriel était à la caisse (comme toujours), occupée elle me dit « merci d’être venu, passez au labo pour faire goûter vos produits, mon père et mon grand-père sont là ». C’est à cette occasion que j’ai rencontré Monsieur Raymond Berthillon pour la première fois : il était assis dans un coin du labo, veste blanche de travail sur le dos, pas loin de 90 ans et toujours là, l’œil vif. Il connaissait bien l’Ardèche, nous avons passé un moment à discuter de ma région et de ses glaces.
C’était un très bon moment dont je me souviens très bien et j’ai instantanément compris le pourquoi de la renommée de cette maison : une vrai passion, beaucoup de travail et une famille attentive à tous les détails.
Parce que la qualité Berthillon c’est quand même quelque chose, en goûtant les sorbets on a l’impression de croquer dans les fruits, les glaces sont vraiment gourmandes et mettent en valeur les ingrédients. Des glaciers il y en a, et de très bons comme Terre Adelice ou Morand chez nous en Ardèche, Pierre Géronimi le virtuose Corse, Diluzzi l’Italien magicien des fruits ou même Grom et son excellente glace pistache mais mon préféré à moi c’est Berthillon, franchement.
J’entends (trop) fréquemment dire « Berthillon c’est surfait, au début c’était bien mais maintenant…. » comme les Parisiens disent souvent de maisons trop connues qu’il convient de critiquer pour avoir l’air plus intelligent. Ces personnes ne sont assurément pas allées souvent chez Berthillon goûter la fraise des bois (ma préférée) et leurs autres merveilles servies par une équipe vraiment adorable.
Ma fille Mathilde, 9 ans, qui elle aussi adore le sorbet fraise des bois de chez Berthillon, a passé quelques jours dans les Alpes cet été et a goûté pour la première fois des fraises des bois sauvages et elle m’a dit « c’est fou, ça a exactement le même goût que chez Berthillon », la vérité sort de la bouche des enfants non ?
Alors Berthillon est une maison unique, par la qualité de ses produits dans la durée, par la simplicité et la gentillesse de la famille et de l’équipe. Quel bel héritage laissé par Monsieur Raymond Berthillon.